Le roman « L’Orgasme Douloureux » loin de toute autre idée ou spéculations des personnes rien qu’entendre ou voir le titre et la couverture, raconte une histoire bien réelle dans un contexte où les personnages, les villes ou quartiers se sont vus adapter des noms bien propres. C’est un récit raconté avec humour. Il est véhiculé comme poétique. Dans la salle Kaba de conférence au 1er étage d’Azalai hôtel de Cotonou, Carmen Fifamè Toudonou, l’écrivaine et femme de littérature béninoise a fait le lancement officiel de son dixième ouvrage ( 3 essais, un recueil de poèmes, un recueil de nouvelles, un livre de jeune et 4 romans ). C’était dans l’après-midi du samedi 27 mai 2023 en présence d’une centaine de personnes. Très contente, très émue qu’elle est, voici notre reportage.
Par Aubin Oké
D’entrée, c’est le maitre de cérémonie, Dr Florent Eustache Hessou, journaliste à l’Ortb qui introduit par les salutations à l’endroit de l’assemblée, à l’autrice et son comité.
Dr Richard Sandry Gbetey pour la présentation du roman
« Un évènement d’une grande importance. Il s’agit de la présentation d’un roman écrit par une écrivaine, une auteure bien connue, Carmen Fifamè Toudonou. Un roman particulier dont le titre retient notre attention par le contraste l’Orgasme Douloureux. Ce roman lorsqu’on va au-delà du titre, on s’aperçoit en lisant les 115 pages, c’est un savant mélange de question classique dans la littérature Africaine. Des questions classiques des tas de pouvoir politique mais l’originalité de ce roman, se mesure à la façon dont l’auteure met en musique pour ceux qui l’ont lu ne serait que quelques pages ou entièrement, ils se sont forcément rendu compte qu’il y a un effort continu de construction en image, de rythme de sonorité assez mesuré, assez millimétré. Ce qui donne à l’œuvre une certaine originalité. Bien de pages donnent l’impression qu’on est dans la poésie et c’est à l’actif de l’auteure. L’autre particularité de l’œuvre, c’est que l’auteure traite d’un sujet dont nombre d’auteurs avant elle ont traité dans leurs écrits relevant de différents genres, la question des abus des détenteurs de pouvoir politique mais ici on se rend compte que le temps généralement du le sanglant qu’on voit dans le traitement de la question des abus politiques ; et bien, il est comme renversé ici. On tourne embolique ce qui ébranle et ce que les auteurs présentent comme quelque chose de dur et de pénible. Ici, l’auteure prend sur elle le plaisir de tourner ses personnages de grandes statut, de grandes envergues. On les voit. L’ironie est continue et de bout en bout, on est dans l’ironie … »
Lecture d’un long extrait de Carmen Fifamè Toudonou
« Un mercredi matin, jour de conseil des ministres. Le président roi réveillé de très bonne humeur se préprait pour se rendre à la salle de réunion quant il eu une prémonition. Comme chacun le sait, une prémonition est une idée fulgurante qui vous éclaire soudain sur une circonstance qui va vous arriver de facon imminente. Ainsi définie, les prémonitions ne préviennent pas. Cela se saurait. Les prémonitions vous tombent dessu comme ça sans s’annoncer comme les pluies divermales du balaganna quand le ciel sans même s’assombrir ouvre soudainement la vanne à des gouttes épaisses et chaudes de viboulé. C’est ainsi que la chose se passa. Président roi n’était pas du genre à ne pas se fier à son intuition….pendant qu’il chaussait ses botines pour parfaire son look, il lui était passé à l’esprit que ceux de ses ministres qui serait habillés en bleu ce jour là, au conseil des ministres, étaient des conspirateurs. Ce bleu était leur couleur de raliment, le signe de leur entente, le signal qu’il maintenait la cabale, l’indice qu’ils se tenaient prèt pour aller jusqu’au bout. Une fois, les comploteurs démasqués, président roi devrait aller très vite pour déjouer le coup parce que ces gens étaient décidés à en finir avec lui. Ayant clairement présenti ces choses, le président allait quitter sa chambre quand il apercu que lui même avait porter une cravate bleue. Il la changea pour une autre de couleur bordeau pui se rendit à pied à la salle du conseil des ministres. Le batiment justait ses appartements. Il avait décliné l’offre de son protocole, de franchir les 100 mètres en voiture de commandement.
Quelques années plus tot, il aurait volontiers accepté ce coup par coup en voiture mais désormais, il connait ses propositions de son en tourage comme une facon de lui signifier qu’il était trop vieux, trop fatigué, incapable de marcher. Tout cela l’agacait. Il n’avait certe plus 30 ans mais il n’était pas garatère. Il ressentait des douleurs dans les articulations surement dur à l’artrose. Le traitement du spécialiste franère ni faisait pas grande chose mais il pouvait encore marcher, bien marcher même. C’est ce qu’il démontra en franchissant prestement les quelques mètres entre ses appartements et le bureau du conseil des ministres. Quant il arriva, la salle était déjà pleine. Il avait une ou deux heures de retard mais de toute facon, personne ne l’attendait plutôt. L’on savait que le président n’était jamais à l’heure. Il avait trop de choses importantes à faire pour ètre ponctuel à l’instar des gens désoeuvrés. La salle de réunion du conseil des ministres était la plus belle salle de la malina. Elle était occupée au centre par un long bureau à ralonge vitrée. Les fauteuils des directeurs noirs posés autour acueillaient les ministres. Le plus beau, le plus haut et le plus grand était réservé au président. Tout à faire derrière près du mur, de petites chaises étaient là pour les accompagnants, membre de cabinets, directeurs et chef service. Le protocole annonça et tout le monde se leva pour accueillir le président roi. Celui alla s’asseoir dans son grand fauteuil. Il laissa l’assistance debout le temps de bien regarder tous les méchants qui étaient habillés en bleu. Au bout de trois ou quatre minutes, il demanda aux ministres de s’asseoir enfin.( d’une façon drôle, la séance est ouverte)… »
Pour le professeur Huannou, il apprécie l’ouvrage avec les tournures de phrases et les mots pour désigner les pays, les quartiers de ville. Pour le doyen des lettres « Quand c’est une femme de chez nous qui produit une œuvre littéraire, je suis particulièrement content parce que j’ai toujours pensé qu’on se porterait mieux dans notre société si les femmes parlaient plus souvent. Leurs idées sont importantes pour notre société. Cette société se porterait mieux si les femmes et les hommes toutes les deux exprimés leurs sentiments, leurs idées sur les questions d’actualités ou non. La voix des femmes est importante, nécessaire et indispensable pour la bonne santé de notre société. Voilà pourquoi je suis particulièrement content d’être là. Je dis félicitation à Carmen. Je dis félicitation car ce roman m’a fait perdre mon réflexe de lecture habituelle. Lorsque je lis un roman d’un auteur béninois quand je commence, je pose la question suivante, qu’est – ce qu’il veut dire ? Ce roman m’a amené à lire autrement et à m’intéresser à l’écriture, c’est-à-dire sa façon à elle de nommer les lieux, les êtres. En lisant, je tombe sur ‘’Pomoli’’ fait elle allusion au pays où nous sommes ? ensuite au quartier ‘’Kanvi’’ moi je fais allusion à un quartier de Porto – Novo Kandévié (c’était le rire dans toute la salle) finalement j’ai compris que ce n’est pas Kandévié puisque le quartier en question n’est pas loin de l’aéroport probablement Calavi. On comprend Kan wa dofi (en langue fon). Elle a sa façon de dire les choses qui est originale. Le président roi, le roi président. C’est ce que je trouve. Une vue recto verso d’une personne or une personne n’est pas une feuille de papier… » Beaucoup d’autres expressions sont relevées par le professeur et pour lui, « c’est cela qui a retenu mon attention et j’ai aimé… »
Avant le lancement du samedi 27 mai, Idrissou Zimé Yerima, professeur à l’UAC s’était déjà procuré du roman. Non seulement, il a partagé son experience sur sa page facebook mais aussi avec les invites presents à la cérémonie.
LE PIEGE DE L’OXYMORE
J’ai eu le privilège d’avoir été un des relecteurs de ce roman. J’ai reçu la version électronique avant sa transmission à la maison d’édition. Je me souviens, quand je l’ai reçue, c’était un soir, j’étais en train de finaliser un article que je devais soumettre le lendemain. J’ai dit à l’autrice que je devais finir d’abord un travail en cours avant de m’occuper de son tapuscrit et elle m’a répondu que rien ne pressait. Alors, j’ai continué pendant quelques minutes mon travail. Puis, brusquement, je l’ai arrêté en me demandant : « Pourquoi ne pas jeter un coup d’œil à ce roman dont le titre, un terrible oxymore, m’intriguait ? » J’ai ouvert le livre électronique, et c’était une erreur… En effet, quand j’ai commencé à lire, après quelques lignes, j’ai oublié complètement mon article et j’ai passé toute la nuit en Pomorie, ce pays africain ubiquitaire, plus vrai que fictif, où se déroule le roman. Je n’étais plus revenu sur mon article avant d’avoir terminé mon aventure en Pomorie. J’en ai tiré la conclusion suivante: « Quand on entre en Pomorie, il est difficile d’en sortir avant d’avoir parcouru tout le pays. »
UNE IRONIE OBLIQUE
Ce qui frappe d’abord dans le roman, c’est cette ironie oblique, ce type d’ironie analysé par Leo Strauss dans Persecution and the Art of Writing (Persécution et l’Art de l’écriture), pour montrer entre autres comment au fil des siècles des philosophes et autres auteurs évitaient d’être directs dans leurs écrits et s’exprimaient de façon détournée pour ne pas subir des représailles des pouvoirs pour une raison ou une autre… C’est aussi cette ironie oblique qu’a utilisée Edward Gibbon dans un passage de The History of the Decline and Fall of Roman Empire (L’histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain) et qui lui a fait mériter les félicitations des grands pontes de l’Église de l’époque qui pensaient qu’il faisait leur éloge alors qu’il s’agissait d’une critique des plus sévères. Il fallait aussi à l’autrice de L’orgasme douloureux une telle obliquité du langage pour dénoncer ce qui pourrait être appelé la somme de toutes les dictatures africaines. Ainsi, quand le narrateur glorifie le Président-Roi et fustige les opposants, quand il acclame la dictature et condamne la démocratie, ce n’est que le contraire qu’il veut exprimer. Quand il dit: « Et ce pauvre président roi si innocent qui ne veut pas se pérenniser au pouvoir, et que le peuple force à rester. », ce n’est pas ce qu’il pense. Et le lecteur doit en être averti.
LE RÉALISME
Ce qui frappe encore est le réalisme avec lequel le cadre spatiotemporel et les personnages clés sont décrits. Il ne s’agit pas de décrire pour décrire. Les dialogues aussi évoluent dans des contextes bien choisis et décrits qui permettent au lecteur de bien visualiser les personnages et de vivre leurs aventures. Les détails qui parsèment le roman créent un effet de réel qui donne l’impression que l’histoire racontée a vraiment eu lieu et qu’elle a été vécue par l’autrice.
LES PARAPHASIES/PARAGRAPHIES
Ce qui attire aussi l’attention et qui importe d’être mentionné est l’emploi de néologismes qui donnent l’impression que le narrateur souffre d’une dyslogie, plus précisément de paragraphies/paraphasies phonémiques qui se manifestent dans le roman notamment par des erreurs de substitution et de suppression des phonèmes/lettres. Ainsi, c’est par erreur de substitution de la lettre l à la lettre r que « Palais de la Malina » a été créé certainement à partir de « Palais de la Marina » et c’est par erreur de suppression de la lettre c que « Frane » est obtenu à partir de « France ».
LES EUPHÉMISMES
Ce qui attire encore l’attention est l’emploi d’euphémismes, de circonlocutions ou d’autres formes de discours indirects tels que « mous de là où il ne fallait pas » en parlant des hommes ou « sèches où il ne faut pas » en parlant des femmes. C’est à se demander pourquoi le narrateur qui n’hésite pas à dire « orgasme douloureux » n’arrive plus à appeler un chat un chat… La réponse est pourtant simple: le mot « orgasme » est utilisé « symboliquement ».
LE SYMBOLISME
Lorsqu’on entame un roman intitulé L’orgasme douloureux, on entreprend forcément une quête qui est de savoir comment un orgasme peut être douloureux. Certes, il y a dans le roman un passage très illustratif de cet oxymore, mais, ce qu’il faut comprendre surtout est que le mot « orgasme » est utilisé symboliquement: c’est le symbole de la soumission à la dictature ; avoir un orgasme, c’est jeter l’éponge. Résister à l’orgasme, c’est résister à la dictature. Voilà pourquoi pour redresser les opposants, la stratégie du Président-Roi est de s’assurer de leur orgasme. Alors, dans ce contexte, imaginez un opposant déterminé qui résiste à l’orgasme et qui est torturé jusqu’à obtenir cet orgasme. Évidemment, on ne peut que parler d’orgasme douloureux dans ce cas. Mais l’orgasme symbolise aussi la diversion du peuple pour qu’il ne s’intéresse pas à la chose politique. C’est la même chose que les combats de gladiateurs que les empereurs romains offraient au peuple pour le divertir et l’éloigner de la gestion de l’État.
En dépit de son titre, qui fait penser à un roman érotique, L’orgasme douloureux est une satire politique qui tient en éveil la nuit l’homme qui l’ouvre; c’est un roman politique qui tient en haleine le lecteur ou la lectrice du début à la fin. L’autrice avait prévenu dès le début: « Il faut pénétrer avant d’entrer plus en profondeur dans cette histoire ». Symboliquement déjà, on voit que l’histoire elle-même, si elle est pénétrée et parcourue en profondeur, ne pouvait que procurer un plaisir orgasmique de nature textuelle.
Ainsi, pendant que les Pomoriens et les Pomoriennes s’adonnent au plaisir du sexe, l’autrice, par le truchement d’une paraphasie verbale, offre au lecteur et à la lectrice un plaisir du texte que je n’hésite pas à recommander.
Après le professeur Zime Yerima, des personnes qui ont déjà pris contact avec le roman se sont prononcé. D’autres ont apporté les mots d’encouragements et de félicitations à l’auteure.
Ensuite, devant une grande foule qui a fait le déplacement malgré une pluie bien avant qui s’était abattue sur Cotonou, le maitre de cérémonie Florent Eustache Hessou a mis un roman aux enchères après les interventions
Vous avez assisté à cette cérémonie de lancement d’ouvrage de Carmen Toudonou, vos impressions à l’issu ?
‘’ Je viens d’acheter le livre et l’extrait qu’elle a lu, franchement, m’a intrigué et je suis sûr que je vais lire ce livre. Je lui souhaite beaucoup de courage qu’elle puisse encore en sortir d’autres. Je salue tout le monde. La cérémonie s’est bien passée. C’est vraiment parfait. Je suis étrangère dans ce monde littéraire mais je crois que je vais y encore revenir chaque fois qu’il y aura des présentations.’’
Carmen Toudonou pour son mot de fin « merci beaucoup pour la présence de la presse. Je suis très contente, très ému parce que c’est un weekend particulier. C’est en plus un jour de pluie donc je suis très contente de voir que la salle était remplie, de voir que le public était très intéressé par le roman. Il y as beaucoup de commentaire très positifs. Je remercie tout le public pour la bienveillance. Je crois que ce moment est bien parti pour faire une belle carrière e tout cas dans le cœur des lecteurs. Elle n’a pas manqué d’inviter tous à consommer « l’Orgasme Douloureux ». Je pense aussi aller au contact du public. La difficulté est que le roman est imprimé en France. Les exemplaires surplace sont ramené de la France. C’est cela la principale difficulté mais je pense m’organiser pour rendre le livre disponible le plus possible dans les librairies et puis je crois que les rencontres pourront s’organiser. Oui oui (avec sourire), j’ai plein de livre encours et je pense que la prochaine publication, cela va être un recueil de nouvelles que j’ai déjà pratiquement finalisé. »